Deux sculptures sont installées près de la MCB2, la troisième pouvant être légèrement éloignée, telle une veilleuse qui invite les passants à se rapprocher de ses deux comparses et ainsi de toute la richesse culturelle et artistique du site. De la même manière qu’elles matérialisent un lien entre le public et le foisonnement culturel du lieu, elles se proposent d’être un support de lien social, dans la mesure où les usagers peuvent par endroit s’y asseoir, seuls ou à plusieurs, pour lire un livre ou discuter. Intégrées dans cet espace à ciel ouvert et ouvert à tous, ce sont des sculptures interactives d’une part, puisqu’elles peuvent être touchées et lues, qu’elles invitent à jouer avec les mots, et que l’on peut s’y reposer, et habitées d’autre part, puisqu’elles semblent en mouvement, tranquillement mais sûrement, affairées à la délivrance d’un message global. En effet, les trois sculptures sont porteuses d’inscriptions ajourées sur leurs flancs, à travers lesquelles pourraient briller de la lumière lorsque la nuit tombe. Ces phrases, inscrites en écriture protosinaïtique, portent des messages simples, mais accessibles seulement après un jeu de traduction. Cela est rendu possible puisque l’une des trois porte la transcription de chaque lettre de l’alphabet protosinaïtique vers notre alphabet latin. C’est donc animées d’une âme de lien, de partage et d’échange, et actrices d’un élan vers l’ouverture culturelle que les 3 sculptures habitent les lieux et invitent les humains à se les approprier. Enchantées d’interagir avec les humains qui arpentent le lieu, elles portent dans leur chair l’histoire de l’humanité, grâce aux mots qui les recouvrent. En effet, les signes inscrits sur le flanc des sculptures font écho à nos origines culturelles : l’écriture est le vecteur sensible qui permet de conserver la mémoire et de la communiquer à travers le temps, l’espace et l’altérité.
D’autre part, en étant depuis son origine un moyen de rendre visible la pensée et de la transmettre, l’écriture permet à la culture de se déployer et de se partager. L’alphabet protosinaïtique, d’où découlent nos langues modernes, est un système de représentation graphique et il nous permet ainsi d’aborder les mots à prime abord en tant qu’entités visuelles et plastiques, et dans un second temps à travers les messages qu’ils portent. Véritables éléments de vie culturelle, lumineuses la nuit et porteuses de sens, elles symbolisent le chemin qui mène à la culture et qui en même temps la construit, le chemin de l’échange, de l’ouverture à la nouveauté, où le jeu de l’appropriation transforme le crypté en connu. Leur présence transforme le lieu quotidien en un territoire fertile et sans cesse renouvelé puisque chacun saisi à sa propre lumière le sens et les émotions suscitées dans l’interaction, adaptant l’espace commun à ses perceptions et à son imaginaire. En nous accompagnant vers de nouveaux horizons créatifs, artistiques, culturels, ces sculptures nous tendent aussi une invitation au voyage intérieur.
Pierre Jaggi 2020

CROQUIS DES TROIS SCULPTURES :
Sculpture 1 : CORRESPONDANCE DES LETTRES DES DEUX ALPHABETS
Sculpture 2 : MCB2 2020
Sculpture 3 : « L ’AVENIR EST UN PRÉSENT QUE NOUS FAIT LE PASSÉ » André Malraux

Descriptifs techniques et dimensions des sculptures : Longueurs 800 centimètres, Largeurs 50 centimètres, Hauteurs entre 50 et 300 centimètres. Structures et armatures internes - acier Corten (Les aciers à résistance améliorée à la corrosion atmosphérique sont des aciers faiblement alliés appelés également aciers auto-protecteur, car dans certaines conditions d’exposition, ils ont la faculté de se recouvrir d’une couche protectrice appelée patine.) Chaque sculpture pèse environs 1200 Kg. Chaque sculpture a trois points de pose, dont l’une des extrémités de chacun posés à plat donnent l’impression de sortir du sol. Pour une mise en valeur nocturne des sculptures, une source d’éclairage à l’intérieur de ces œuvres est envisageable. Chacune d’elles serait alors éclairée en basse tension avec des diodes électroluminescentes en ruban. Les diodes et les boîtes de raccordement seraient mises en place à l’intérieur de chaque sculpture. Une ouverture pourrait être effectuée sous une face intérieure peu visible et refermée au moyen d’une petite plaque amovible.

Les écritures Protosinaïtiques :
Il est possible de partir à la découverte de l’écriture protosinaïtique, cet alphabet des origines d’où dérivent les écritures phénicienne, araméenne, hébraïque, grecque, arabe, étrusque, latine et moderne.
Pour ce faire, nous pouvons comparer les signes cunéiformes, les hiéroglyphes et les idéogrammes, ces écritures pictographiques qui dérivent des représentations de l’art plastique et qui sont des transcriptions de mots et de syllabes, avec les alphabets, ces écritures phonétiques qui ont permis la transmission des sons élémentaires et le début de la démocratisation du savoir. A partir de l’œuvre réalisée il est possible de mener une réflexion sur le signe et sur son contenu, sur le message et sa transmission, sur le sens et la forme des lettres, ainsi que sur l’origine de l’écriture et son évolution.
Je propose ici de tisser des liens entre l’origine des lettres et les mots qu’elles composent, de sonder leur mémoire et le message qu’elles véhiculent, de retrouver leur signification intrinsèque.
D’ou vient la lettre A ? Pourquoi le O est-il rond ? Que signifie le mot alphabet ? Grâce à la traduction des lettres protosinaïtiques en lettres latine, chacun peut construire un message, un nom ou un texte de son choix en alphabet protosinaïtique, et rechercher quels motifs se lovent dans les entrailles de ses mots.
« La société humaine, le monde, l’homme tout entier est dans l’alphabet … L’alphabet est une source » Victor Hugo

Pierre JAGGI à Service Commande Publique - Ville de Bourges - 23-31 Boulevard Foch - CS 20321 - 18000 BOURGES

Objet: Conception, réalisation et installation d’une œuvre d’art au titre du 1% artistique sur le site de la MCB2.

Madame, Monsieur,

Votre avis d’appel concernant l’intégration d’une œuvre d’art au titre du 1% artistique dans le cadre de la Nouvelle Maison de la Culture de Bourges (MCB2) m’a interpellé et je propose ma candidature pour ce projet.

Sculpteur plasticien, profondément convaincu que l’insertion d’œuvres artistiques dans le domaine public est une réelle ouverture pour la société, j’ai abordé à différentes reprises l’étude et la réalisation de créations destinées à prendre place au sein d’une collectivité.

Ainsi, je vous soumets un projet faisant sens avec la fonctionnalité des lieux, en relation avec la riche histoire de ces « modernes cathédrales » que sont les Maisons de la Culture, en cohérence avec l’architecture de la nouvelle MCB et véhiculant un message de découverte et de rencontre.

Il s’agit de 3 sculptures abstraites et géométriques, réalisées en acier Corten, sur lesquelles sont inscrits des mots en écriture protosinaïtique, et qui pourraient être illuminées de l’intérieur la nuit. Ces sculptures contrastées (couleur chaude de la rouille et matière inerte qu’est le métal ; forme géométrique et ondulée à la fois) résonnent avec l’histoire de la MCB2, en suggérant ainsi une continuité fluide dans l’historique de la Maison de la Culture de Bourges.

Sur l’espace de circulation, de rencontre et d’échange qui les accueillerait, ces 3 sculptures offrent un temps de réflexion, de méditation, d’observation et de contemplation pour les usagers qui peuvent s’y poser un moment. Faire de ce lieu une nouvelle zone de découverte et de voyage à la fois sensible et intellectuel, me paraît être en adéquation avec la vocation de la MCB2.

En effet, tout comme leur forme sinueuse suggère un chemin, les signes qu’elles portent agissent comme un langage antique qui contient notre histoire et celui de notre culture et mettent en scène le passage et les archives du temps sur notre histoire collective et personnelle. Il s’agit d’une invitation à poursuivre dans la voie de la découverte, de l’ouverture d’esprit, de l’enrichissement culturel et mutuel, à la rencontre de l’art exprimé sous toutes ses formes, sur les traces de la vocation des Maisons de la Culture voulues par André Malraux.

Les usagers, dans le sillons de leurs empreintes, s’approprieront une parcelle de l’espace et du temps de la MCB2, l’adapteront à leur imaginaire, et dans cette constante interaction seront appelés à poursuivre leur quête de culture et de vie.

Ce projet, en reliant la matérialité et la solidité de la Terre, de l’élément métal, au potentiel du Ciel, par l’élément actif de la lumière, relie les mondes comme le font, dans une diversité intarissable de formes, les créations artistiques produites ou diffusées par ce nouveau lieu que va être la MCB2.

En espérant que ces quelques lignes retiendront votre attention, je vous présente, Madame, Monsieur, mes plus cordiales salutations.

Pierre Jaggi 2020

Pierre Jaggi à Monsieur le Maire - Ville de Bourges - 23-31, Boulevard Foch CS 20321 - 18000 BOURGES marches@ville-bourges.fr

Cher Monsieur, Je me permets de vous partager mon état d’âme après ce cuisant échec de proposition avortée, concernant le 1 % artistique pour la nouvelle maison de la culture. Loin de moi de penser à quoi que ce soit comme type de revendication, mais je me trouve aujourd’hui dans une situation plus que déconcertante en apprenant qu’en transmettant ma candidature sur une plateforme, il s’avère qu’en fait, d’après ce que vous m’avez signifié, je n’ai fait que déposer un test et que j’aurais du l’envoyer à nouveau pour qu’il soit effectué en bonne et due forme. Je pensais que tout était OK en envoyant la Référence de la consultation (CSL) : CSL_2011_M3hCzAu3BG ainsi que la Référence et la Confirmation de dépôt du pli (PLI) : PLI_2020_prYa9E26sZ, d’autant plus que mon pli était bien arrivé dans les délais. Ce détail technique ma totalement échappé, n’étant pas familié de ce type de procédure électronique. Face à cela, je ressent une grande tristesse, de la colère, de l’injustice et une profonde déception. Pour cette possible réalisation dans l’enceinte de la MCB2 je me suis totalement investi dans la recherche et l’élaboration de cette étude artistique, et le fait que mon travail ne soit même pas vu ni étudié par le jury au même titre que les autres candidatures m’ampute de la plus élémentaire reconnaissance ainsi que la satisfaction d’avoir pour le moins, pu mener à bien ce projet. Aujourd’hui je n’ai que ces mots pour faire savoir ma désillusion, pour faire exister cette accomplissement personnel que j’ai effectué et qui à mon sens, dans ce contexte et dans cet endroit n’était pas dénué de sens. Cinq semaines de concentration, d’investissement, de travail et d’émulation perdu pour une bête erreur de téléchargement, sachant que j’ai aussi pris soin de déposer une copie de ce dossier en CD Rom au Service de Commande Publique à Bourges. En espérant que le partage de ces états d’âmes vous sera digeste, en ce qui me concerne j’avais besoin de le formuler. Bien à vous Pierre Jaggi - Mars 2020