Les Marronniers du boulevard Langlois à Limay
Dans le cadre de la manifestation « L’art dans tous ses états – 2007 », la commission artistique de la ville de Limay m’a accordé la possibilité de réaliser une intervention artistique sur deux des marronniers de l’allée ornementale du boulevard Langlois. Ces deux arbres, voués à disparaître en raison d’un état de santé précaire dû à diverses agressions extérieures, ont été convertis en sculpture éphémère avant leur probable abattage.
Cette intervention a consisté à pratiquer une série d’ouvertures à travers chacun de ces deux arbres, non seulement pour inscrire une représentation artistique dans l’espace, mais aussi pour permettre de les découvrir sous un jour différent et mettre en lumière le destin propre à leur nature. À l’instar de l’intervention réalisée sur le séquoia du parc Brot à Onex (CH) en 2005, ces deux marronniers ont de ce fait revêtu un caractère sémaphorique propre à susciter de nouveaux regards ou questionnements. Outre l’examen plastique de l’œuvre, cela peut nous amener à reconsidérer l’importance du monde végétal et de l’arbre en particulier dans notre environnement, la fonction qu’il occupe, la place et le respect que nous lui accordons. Les ouvertures uniformes pratiquées sur ces troncs peuvent être perçues comme des fenêtres ouvertes sur notre milieu, ce sont aussi des degrés ascendants, passage symbolique entre la terre et le ciel. L’arbre est l’un des plus anciens symboles de l’homme, dans toutes les cultures il a participé aux mythes fondateurs et intégré les mémoires collectives, il relie l’homme au cosmos. Promu aux plus hautes considérations dans toutes les civilisations précédant la nôtre, il est maintenant presque toujours relégué au seul office d’objet et de ressource. (14 millions d’hectares de forêts sont rasés chaque année, ce qui représente 1% de la surface forestière de notre planète à un rythme de 30 hectares par minute !)
Les quatre ouvertures effectuées sur chacun de ces deux arbres figurent aussi la lettre H en code morse, qui s’écrit ….
Dans son interprétation, la forme de ce caractère représente une clôture qui évoque une certaine relation à l’environnement, liée à sa protection. Actuellement, le terme environnement, qu’il soit social, écologique ou politique, prend une dimension mondiale, et c’est à l’échelle de la planète qu’il va falloir réagir pour contrer les atteintes dont il fait l’objet.
Face aux enjeux écologiques actuels, chacun d’entre nous est appelé à œuvrer dans son quotidien pour contrer et remédier, à son niveau et selon ses moyens, au désastre qui s’annonce, programmé par les excès de notre société.