Un centre de conférence des plus importants dans le monde
L’Office des Nations Unies à Genève est un forum unique et universellement reconnu où la diplomatie internationale tient la plupart de ses grandes conférences dans les domaines de la paix et du désarmement, des droits de l’homme, des affaires humanitaires, de la coopération économique et sociale et de la santé. Chaque année, quelque 600 conférences, soit 4 000 jours de réunion, se tiennent dans les 34 salles de conférence du Palais des Nations qui accueillent environ 28 000 délégués originaires de toutes les régions du globe. Le patrimoine architectural de certaines salles, ses matériaux d’origine, tels des essences de bois rares, des tissus tendus ou des cuirs, impose une rénovation dans le respect de la configuration d’époque. Deux des plus belles salles restent la salle du Conseil avec les peintures murales de l’espagnol José-Maria Sert et la salle X décorée par la Lettonie, où le vert pâle du plafond répond au vert foncé des sièges, où le jaune doré des lambris et du mobilier contraste avec le noir ébène du sol et les portes incrustées d’ambre.
Une séance mémorable
Un matin de septembre 1933, René Cassin pénètre dans la grande salle du Palais des Nations à Genève. Il est membre de la délégation française et futur rédacteur de la Déclaration universelle des droits de l’homme. A ce moment, il ignore encore que les discussions auxquelles il va assister préfigureront la peste brune et la tentative d’extermination des juifs par le régime nazi.
Les représentants des Etats prennent place sous les fresques de José Maria Sert qui ont pour thèmes la fin de la peste et de la guerre, la solidarité des peuples et l’espoir. La séance qui s’ouvre est historique. Un juif de Haute-Silésie a porté plainte “contre les pratiques odieuses et barbares des hitlériens à l’égard de leurs propres compatriotes réfractaires au régime”. Il s’avance et décrit comment les nazis pillent les magasins juifs, massacrent les hommes et violent les femmes. Il explique que les synagogues sont saccagées, les tombes profanées et les rouleaux sacrés brûlés.
Le représentant de l’Allemagne, Josef Goebbels, Ministre de la Propagande et de l’Information, prend alors la parole : “Messieurs, Charbonnier est Maître chez soi. Nous sommes un Etat souverain; tout ce qu’a dit cet individu ne vous regarde pas. Nous faisons ce que nous voulons de nos socialistes, de nos pacifistes et de nos juifs, et nous n’avons à subir de contrôle ni de l’humanité, ni de la SDN”.
( Mario Bettati, Le droit d’ingérence, mutation de l’ordre international, Paris, Odile Jacob, 1996)
A l’époque, la manière dont un Etat traitait les personnes situées sur son territoire était considérée comme relevant exclusivement de ses affaires intérieures. Les autres Etats n’avaient aucun droit de regard sur le comportement des autorités à l’égard des individus. Avant la Seconde Guerre mondiale, il n’existait pas de protection internationale des droits de l’homme au sens où nous l’entendons aujourd’hui. Lors de cette séance mémorable, les membres de la Société des Nations, soucieux de respecter le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures d’un Etat, se gardent bien de condamner l’Allemagne. Ils se contentent d’adopter une résolution invitant les Etats membres à ne pas porter atteinte aux droits des hommes se trouvant sur leur territoire. La même année, les nazis construisent le camp de concentration de Dachau.